Où en est le tennis français ? Le point sur Jo-Wilfried Tsonga

Pendant deux semaines, vos Déchaînés préférés vont vous proposer chaque jour leur regard sur les joueurs français, leur carrière, leurs succès, leur actualité et leur dynamique. Aujourd’hui, focus sur le quatrième et dernier “Mousquetaire” : Jo-Wilfried Tsonga aka “Jo”.

Jo-Wilfried Tsonga, 34 ans, 29ème mondial :

© Lionel Lopes-Quintas

Tout comme Monfils et Gasquet, Jo-Wilfried Tsonga fait partie de cette génération dorée, dont on attendait énormément dès leur plus jeune âge. Face à ces attentes, le francilien d’origine congolaise a su répondre très tôt. Victorieux en junior à l’US Open, il avait atteint la place de numéro 2 mondial après une saison où, en plus de sa victoire à New-York, il avait atteint les demi-finales de tous les autres Grands Chelems.

Un démarrage poussif avec quelques performances

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© Leo Mason / Corbis

Comme ses camarades mousquetaires, il se lance sur le circuit professionnel très tôt et progresse vite en jouant sur le circuit Challenger. Il y remporte en 2004 deux titres ainsi qu’un tournoi de catégorie Future – troisième division du tennis après le circuit Challenger et l’ATP. Alors âgé de 19 ans, il se fait un nom en éliminant Carlos Moya lors du tournoi de Pékin. Quelques mois plus tard, il signe une autre performance de choix en éliminant le croate Mario Ancic au tournoi de Paris-Bercy, après avoir reçu une wild-card. Il termine la saison 2004 à la 165ème place mondiale. Sa saison 2005 est un peu plus compliquée. Malgré deux titres, un en Challenger, l’autre en Future, il ne parvient pas à tenir son rang, plonge au classement de près de 200 places pour finir 338ème à la fin de l’année. En 2006, à 21 ans, alors que certains jeunes progressent à toute vitesse, Jo continue à s’aligner sur le circuit secondaire. Une nouvelle fois, il connaît le succès en remportant un Challenger et trois Future mais ne réintègre pas le Top 200. En 2007, il remporte quatre titres en Challenger et est invité à jouer le premier Grand Chelem de la saison en Australie. Au premier tour, il affronte Andy Roddick, ex-numéro 1 mondial. Jo ne démérite pas contre l’américain mais rend les armes en quatre sets après avoir réussi à empocher la première manche. Au Queen’s, sur gazon, une surface qui lui réussit bien, il parvient à remporter un match de prestige face à Hewitt, ancien numéro 1 mondial. Il est ensuite invité à Wimbledon où il réussit à se qualifier pour les huitièmes de finale mais est battu par un autre jeune en pleine ascension, Richard Gasquet. À l’US Open, il réussit à passer deux tours avant d’être stoppé par un certain Rafael Nadal. À 22 ans, il termine l’année 2007 à la 43ème place mondiale, son meilleur classement jusqu’ici.

 

2008 – 2011 : l’éclosion au plus haut niveau

© Christelle D.G

En 2008, après un bon début de saison, il aborde l’Open d’Australie avec le statut de 38ème meilleur joueur mondial et de nouvel espoir du tennis mondial. Il réalise un tournoi exceptionnel en battant notamment Andy Murray, Mikhail Youzhny et Rafael Nadal (en trois sets). En finale, il cède face au serbe Novak Djokovic en 4 sets après avoir livré un superbe combat. À la suite du tournoi, il accède à la 18ème place mondiale. Diminué par des blessures, les deux tiers de son année ne sont pas conformes à ses attentes. Il atteint les 8èmes de finale à Indian Wells et le 3ème tour à l’US Open, mais ne peut s’aligner ni à Roland ni à Wimbledon. Cependant, il finit l’année en trombe en ralliant les 8èmes de finale à Shanghai puis en remportant le Masters Series de Paris-Bercy après être sorti victorieux de matchs contre Blake, Djokovic, Roddick et Nalbandian en finale. Cette victoire lui permet de participer au Masters, au même titre que Gilles Simon. Après des défaites contre Del Potro et Davydenko, il remporte son premier match contre Djokovic mais est éliminé du Masters. Il finit l’année à la 6ème place mondiale. En 2009, il ne réussit pas à réitérer la même performance que la saison précédente et s’incline en quart de finale de l’Open d’Australie. Cette défaite face à Verdasco le fait chuter au classement ATP. En compensation de sa défaite précoce en Australie, il remporte deux tournois ATP 250 à Marseille et à Johannesburg. Au cours de cette saison, il réussit à rallier les quarts de finale à Miami et à Paris et atteint le stade des demi-finales à Toronto ainsi que les huitièmes de finale à Roland et à l’US Open. La perte de son titre à Bercy l’empêche de se qualifier au Masters. Il termine la saison à la dixième place mondiale, ce qui lui permet de s’affirmer en tant que membre du Top 10. En 2010, il se montre moins performant en Masters 1000 et ne parvient qu’à rallier les quarts, à Miami, Rome et Shanghai. Il réussit en revanche en Grand Chelem à affirmer son statut de performeur. Demi-finaliste en Australie, huitième de finaliste à Roland et quart de finaliste à Wimbledon, il « déçoit » uniquement à New-York où il ne peut s’aligner pour cause de blessure. Il termine la saison au 13ème rang dans la hiérarchie mondiale. L’année 2011 reste jusqu’à maintenant la plus aboutie de sa carrière. Demi-finaliste à Toronto, finaliste à Bercy, il atteint également les demi-finales à Wimbledon et les quarts de finale à l’US Open. Sur ces quatre matchs, il est à chaque fois stoppé par Federer ou Djokovic. Il remporte par ailleurs deux ATP 250 à Metz et Vienne. Ses performances lui permettent d’intégrer le Top 8 mondial et de participer, pour la deuxième fois, au Masters. Il parvient à se hisser jusqu’en finale en battant en poule Mardy Fish et Rafael Nadal et en évinçant Tomas Berdych en demi-finale, avant de perdre, pour la seconde fois du tournoi, contre Roger Federer (les deux fois en trois manches). Il finit pour la deuxième une saison au 6ème rang mondial.

 

2012 – 2016 : la stabilité et les titres

© pbs.twimg.com

Durant les cinq années qui vont suivre, Tsonga va réussir à faire preuve d’une constance exceptionnelle, voguant entre la 8ème et 15ème place mondiale. Au cours de cette période, il réussit à :

  • Atteindre les huitièmes de finale d’un Grand Chelem à six reprises (trois en Australie, une fois pour chacun des trois autres).
  • Rallier les quarts de finale d’un Grand Chelem six fois (une fois à Roland-Garros et Wimbledon, deux fois pour l’Open d’Australie et l’US Open).
  • Se qualifier pour le Masters pour la troisième fois de sa carrière.
  • Se qualifier à trois reprises pour les demi-finales d’un Grand Chelem (deux fois à Roland, une fois à Wimbledon).
  • Atteindre trois fois le stade des demi-finales de Masters 1000.
  • Atteindre sept autres finales, dont un Masters 1000.
  • Remporter un deuxième Masters 1000 à Toronto en battant Federer en finale, en plus de celui de Bercy de 2008.
  • Gagner au total huit titres, dont un Masters 1000 et un ATP 500.

2017 – 2019 : entre déclin et renouveau

© Closermag.fr

S’il a connu, à l’instar de Simon, une demi-décennie de stabilité au très haut niveau, sa saison 2017 a été synonyme du début de sa chute au classement. Complètement hors du coup en Masters 1000 (au mieux, deuxième tour), il n’aura pas non plus été très performant en Grand Chelem. Bénéficiant d’un tableau à son avantage à l’Open d’Australie, il parvient à se hisser jusqu’en quart, où il est stoppé par le suisse Stanislas Wawrinka. Sur les trois autres levées du Grand Chelem, il perd successivement au premier, troisième et deuxième tour. Fort heureusement pour lui, le français parvient à se montrer compétitif sur les tournois de « seconde zone ». Il atteint la finale à Vienne, et remporte quatre titres, dont un ATP 500. Il s’agit paradoxalement de  son année la plus fructueuse en nombre de trophées. Ces titres lui permettent de compenser ses déconvenues en Grand Chelem et de se maintenir au classement (15ème fin 2017). C’est en 2018 que la dynamique va véritablement commencer à s’inverser. Blessé au genou puis aux abdominaux, il connaît une saison quasi-blanche. Réussissant à se hisser jusqu’au 3ème tour à Melbourne, il est éliminé par Kyrgios. Il s’agit du seul Grand Chelem qu’il disputera de la saison. De la même manière, ses blessures l’empêchent de s’aligner sur tous les Masters 1000, à l’exception du Rolex Paris Masters, tournoi lors duquel il perd au premier tour. Quinzième à l’issue de la saison 2017, il finit un an plus tard au-delà du 200ème rang mondial (239). 

Sa saison 2019 est, elle-aussi, un réel chemin de croix. Pas totalement remis de ses blessures, il traverse une grande partie de l’année comme un fantôme. Même si ses résultats en Grand Chelem n’ont clairement pas été satisfaisants, il faut souligner le fait que le tricolore s’est fait stoppé dans trois des quatre Majeurs par des joueurs lui étant supérieurs (Djokovic à Melbourne, Nishikori à Paris et Nadal à Wimbledon). Il n’y a qu’à l’US Open, au terme d’un match qu’il aurait pu gagner, que le français rendit les armes face à un joueur à sa portée (Tennys Sandgren). Son parcours en Masters 1000 a également été décevant. Ne participant qu’à quatre des neuf tournois, perdant à trois reprises au premier tour et il parvint à atteindre les quarts une fois, à Paris. Au Rolex Paris Masters, il réalise un tournoi intéressant en battant Rublev, Struff et Berrettini, trois joueurs très performants en cette saison 2019. Sa route s’arrête face à Nadal, match durant lequel il est dominé mais sort tout de même du tournoi avec les honneurs. Malgré son incapacité à enchaîner les matchs, ses performances et ses victoires à Metz et Montpellier (ATP 250) lui permettent de remonter au classement et de finir l’année à la 29ème place mondiale. S’étant fixé comme objectif d’être tête de série en Australie, Tsonga peut considérer sa saison malgré tout comme réussie.

 

Que peut-il espérer pour 2020 ?

© Gala.fr

A l’entraînement aux côtés de Richard Gasquet, Grégoire Barrere et Matthias Bourg, Tsonga s’est préparé pour entamer la saison à venir de la meilleure des manières. Âgé de 34 ans, il sait que cette saison pourrait être l’une des dernières au plus haut niveau. Totalement absent des débats sur la quasi-totalité des tournois majeurs, Jo n’a aucun point, ou presque, à défendre et possède donc une marge de progression importante au classement ATP. Et au vu ce qu’il a réussi à montrer sur ces derniers mois, il ne devrait pas avoir trop de problème, si son corps le laisse tranquille, à réintégrer rapidement le Top 20. Malheureusement pour le français, alors qu’il était tête de série numéro 3 du tournoi de Doha, il a été sorti dès le premier tour face au modeste Kecmanovic. Apparemment diminué au niveau du dos, ce premier match n’augure rien de bon pour son début de saison …

 

Demain, nous parlerons de Lucas Pouille. Avec Les Déchaînés, Libérez votre jeu !


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